DE RÉSINE ET D’EAU

Photo : Renato Deleon

Exposition de dessins, 2014

En collaboration avec Michel Cliche, peintre

Du 17 au 29 novembre 2014

VERNISSAGE : Mardi 18 novembre à 17 h
À l’Agora du cégep du Vieux Montréal – 255, rue Ontario Est
Heures d’ouverture : lundi au jeudi de 11 h à 19 h, vendredi et samedi de 11 h à 16 h

Voir plus bas les œuvres exposées

IMG_7868.a72

Notes d’atelier – Victoria Beach, 2014

Une lueur timide pointe à l’ouest de la presqu’île manitobaine. La véranda qui me tient lieu d’atelier à cette heure du jour s’étire en de sourds craquements humides perçant le silence précaire. L’air est frais et sent bon. Mon crayon s’active depuis près d’une heure déjà dans une succession effrénée de petits traits serrés en apparence sans dessein. Comme la veille, j’ai le sentiment qu’il me reste tant à faire. Et pourtant, rien ne presse vraiment si j’accepte que l’étape franchie aujourd’hui, quelle qu’elle soit, puisse être le point de départ de demain. Chaque nouveau pouce carré noirci ne représente-t-il pas une preuve suffisante que le travail progresse? Cette idée me plaît et me satisfait. Tant que je déroule ce long papier brun un peu plus chaque jour, inévitablement, dans un bientôt relatif, mon dessin sera achevé.

Je peux donc prendre mon temps.

À l’instant précis où les tout premiers rayons du soleil transpercent l’air encore brumeux et viennent échouer sur le support vagué sous l’effet de la rosée, je replace le capuchon sur mon sharpie en transe et l’abandonne dans la lumière rasante. Son ombre est surréaliste. Le temps est suspendu – un état de grâce où seuls l’harmonium et les réponds kirtan dans mes écouteurs marqueront le temps.

Je reprendrai plus tard ma tâche jusqu’à ce que cette énergie s’effrite et cède la place à la vie qui se sera éveillée en douce autour de moi.

Le dessin s’enroule à nouveau sur lui-même et retourne dans son tube étanche jusqu’à l’aube prochain.

La saison du papier

La série de dessins présentée dans le cadre de l’exposition De résine et d’eau a été réalisée durant les étés 2012 à 2014 à Victoria Beach à la pointe sud du lac Winnipeg. Elle est le fruit d’une activité quotidienne à laquelle je consacre les toutes premières heures du jour. Cloîtré dans la véranda du chalet familial et encerclé de toutes parts par mon sujet de prédilection, j’ai su trouver dans ces moments d’extrême tranquillité, de recueillement en quelque sorte, la discipline nécessaire à la réalisation de ce projet. Autrement, rien n’aurait su aboutir. Au fil des ans, cette mise en scène est devenue beaucoup plus qu’un cadre volontaire permettant la réalisation d’images figuratives longues à réaliser. En effet, la répétition inlassable d’un petit trait, tel le court mantra d’une démarche méditative bien personnelle, a redéfini mon rapport au temps et à l’engagement de soi. La technique est monastique, le matériel rudimentaire, un crayon, du papier, mes complices discrets : la musique et ma propre intériorité.

Les saisons du bois

Pour un artiste dont les créations, les œuvres et les photographies ont souvent été inspirées, voire signées de formes carrées, l’apparition fortuite du cercle dans le processus de recherche a provoqué une surprise de taille. Un défi d’intégration. Au début je ne savais trop qu’en faire. Plus tard, j’ai réalisé la forte puissance d’évocation de la forme circulaire dans les prémisses de mon projet : la tranche d’une bille de bois, une couronne d’écorce, un cadran, etc.

L’idée d’encadrements ronds a engendré un long processus parallèle à l’illustration des arbres. Pendant que les dessins hibernaient dans leur tube cartonné, c’est tout un travail technique de conception, de façonnage, de cintrage et de finition qui occupait les saisons dans mon atelier de Montréal. Un contact direct avec la matière ligneuse, à la fois cérébral, assurément physique, autrement sensoriel.